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Accusations de violences : Jean-Michel Baylet retire sa plainte en diffamation contre Isabelle Attard

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Le 11 octobre 2016, Isabelle Attard, alors députée EE-LV, prenait la parole en plein Hémicycle pour interpeller le ministre Jean-Michel Baylet sur une affaire révélée quelques mois plus tôt par BuzzFeed News. En mars 2016, nous écrivions que lorsqu'il était sénateur en 2002, Jean-Michel Baylet avait été accusé par son assistante parlementaire, Bernadette Bergon, de l’avoir frappée et forcée à démissionner. Les documents que nous nous étions procurés prouvaient qu'il avait passé à l’époque une transaction secrète avec la victime pour éviter toutes suites judiciaires.

Dans la foulée de son interpellation à l'Assemblée, Isabelle Attard demandait la démission de celui qui était à l'époque ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, via une pétition en ligne. Jean-Michel Baylet avait répondu que l'affaire avait été classée sans suite et que les choses ne «s’étaient [pas] déroulés comme vous l’avez dit». Il avait annoncé huit jours plus tard, via ses avocats, qu'il portrait plainte en diffamation contre Isabelle Attard.

Mais aujourd'hui, l'ancienne députée explique dans un texte envoyé à BuzzFeed News et Mediapart que la plainte a été retirée et qu'elle n'est plus mise en examen. «Je le regrette car cela aurait permis enfin à la justice de faire son travail, 16 ans après le dépôt de plainte pour agression déposée contre Monsieur Baylet par son ancienne collaboratrice», écrit-elle.

«La technique de l’autruche a très bien fonctionné»

Elle note tout d'abord dans ce texte que le retrait de la plainte a eu lieu le jour où Jean-Michel Baylet, qui est redevenu PDG de La Dépêche du midi, a été nommé président de l’Union de la presse en région.

Isabelle Attard, qui fait partie des femmes qui ont accusé Denis Baupin d'agressions et de harcèlements sexuels, se désole de n'avoir obtenu aucune réponse du président de la République de l'époque, François Hollande, et estime que «la technique de l’autruche a très bien fonctionné».

Dans un long passage, elle évoque ensuite une autre «technique» : le fait, pour une personne mise en cause d'utiliser la plainte en diffamation comme d'un instrument de communication.

«Il s’agit là d’un "détournement de la plainte en diffamation". Dans quel but ? Faire passer l’accusateur pour un affabulateur»

«Denis Baupin l’a utilisée en mai 2016 contre toutes celles et ceux dont je fais partie, qui ont témoigné à visage découvert contre lui sur France inter et Médiapart et contre les journalistes. Nicolas Hulot vient de le faire contre le journal "L’Ebdo".

Pouvoir porter plainte pour diffamation pour une personne mise en cause est extrêmement utile. Mais il s’agit là d’un "détournement de la plainte en diffamation". Dans quel but ? Faire passer l’accusateur pour un affabulateur, intimider fortement ce dernier pour qu’il se taise définitivement, faire savoir que cette personne est "mise en examen" et donc pour le grand public forcément "presque" coupable.

En effet quasiment personne ne sait que dans les plaintes en diffamation, l’accusé-e est mis-e ne examen de manière automatique sans enquête préalable. L’enquête pour savoir si une personne en a accusé une autre "de faits dont on ne connaît pas la véracité" n’a lieu que un à deux ans plus tard vu l’encombrement des tribunaux. Ce qui laisse largement assez de temps pour que plus personne ne pense à l’affaire en question et quelle soit recouverte par d’autres actualités.

Puis, souvent, la plainte est retirée par celui-là même qui l’avait déposé. Pourquoi ? Parce que le but a été atteint. Et parce que si le procès en diffamation a vraiment lieu, c’est l’occasion de remettre sur le devant de la scène médiatique, un épisode que la personne mise en cause souhaite oublier coûte que coûte.»

Elle conclut ainsi son texte : «Jean-Michel Baylet avait donc tout intérêt à retirer sa plainte avant que celle-ci n’aboutisse à un procès qu’il était sûr de perdre et qui aurait refait parler de sa façon de traiter les femmes.»

«Comment osez-vous vous présenter à l’Assemblée nationale ?»

Le 11 octobre 2016, Isabelle Attard avait profité des débats sur le projet de loi de développement et de protection des territoires de montagne, porté par Jean-Michel Baylet, pour interpeller celui-ci. Son intervention avait été largement relayée par la presse. Isabelle Attard avait rappelé les éléments de notre enquête ainsi que l'absence de réaction de Jean-Michel Baylet à sa publication. Alors que son micro a d'abord été coupé, puis rallumé, elle a chargé ainsi le ministre :

«Vous avez choisi le silence, face à ces informations qui dérangent. Aucun innocent n'aurait choisi de se taire. Par votre silence, vous reconnaissez être l'auteur de violences graves commises sur votre collaboratrice, monsieur le ministre. (...) Ma question est simple : Monsieur le ministre Jean-Michel Baylet, comment osez-vous vous présenter à l’Assemblée nationale sans être submergé par la honte ?»

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Jean-Michel Baylet avait alors repris le micro pour répondre qu'«il y a eu une instruction judiciaire dans cette affaire et elle a été classée sans suite» et que «le procureur de la République n’aurait jamais classé si les choses s’étaient déroulées comme vous l’avez dit.»

Nous avons contacté Jean-Michel Baylet pour un commentaire et mettrons à jour cet article en cas de réponse.

LINK: La transaction secrète entre Baylet et son ex-collaboratrice qui l’accusait de violences

LINK: Baylet accusé de violences : la procureure met à mal la défense du ministre

LINK: Le ministre Baylet accusé de violences : l'enquêteur de l'époque témoigne



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